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Deux semaines de films – du 21 mai au 3 juin 2012

Posted by Axel de Velp sur 4 juin 2012

Je vous propose, à l’occasion, un récapitulatif des films que j’ai visionnés sur une semaine et de vous en donner une lecture, à la fois critique, partiale et plus ou moins succincte, selon ce que les films m’inspireront au fil de l’écriture de ces billets, que je souhaite les plus spontanés possible. J’espère parfois vous donner envie ou vous dégoûter, selon chacun, chacune et chaque film…
Dans la mesure du possible, je m’abstiendrais de dévoiler trop des films, sauf quand j’estimerai qu’ils font partie du patrimoine cinéphilique obligatoire (j’exagère bien entendu), ou bien lorsque mon propos ne pourrait se passer, pour être limpide, d’explications précises, ou bien aussi lorsque je n’aurai que trop peu d’estime pour le film en question.

Une fois de plus, je réunis les films visionnés sur deux semaines au lieu d’une. Entre deux « redites » de qualité et trois découvertes, on va de l’intimité des êtres et de des couples, à la bêtise humaine et la folie obsessionnelle, en passant par l’immensité spatiale, l’horreur de ce qui nous est étranger et la décadence de la société humaine contemporaine. Il n’y a vraiment que le cinéma pour vous transporter aussi près et aussi loin de soi, sans jamais quitter son champ de vision restreint…

Jeudi 24 mai

7h58 ce samedi-là (réal. Sidney Lumet, 2007)

Décidément Lumet est à la fête avec moi en ce moment. Je n’avais pas revu ce film depuis sa sortie en salles, mais la très bonne impression qu’il m’avait laissée à l’époque s’est confirmée lors de cette seconde vision. Baignant dans son genre de prédilection, le « polar dramatique », le cinéaste, qui signait ici son dernier film, nous fait plonger une fois de plus dans les affres de petits criminels sans grande intelligence. La déchéance morale des personnages principaux est trop grande pour qu’elle ne contamine pas toute la trame : l’aîné qui sans vergogne s’attaque à sa famille, le cadet incapable de surmonter son complexe d’infériorité et son statut de chouchou, la femme mariée qui trompe parce qu’elle ne sait pas comment traduire autrement son angoisse, le père qui cherche dans la vengeance son ultime salut d’avoir manqué l’éducation de ses fils. Lumet montre comment l’engrenage du jeu, des dettes, de la drogue, du mensonge, mais surtout la bêtise humaine et l’incommunicabilité des hommes entre eux poussent au désespoir, au crime et à la violence. Il le fait avec une mise en scène très classique dans sa forme visuelle (le cadre est toujours très bien composé, la photo est bien calquée sur les émotions des personnages, les mouvements de caméra sont fluides – le 1er long plan dans l’appartement du dealer est à ce titre une vrai leçon de mise en scène) et une construction déstructurée mais jamais confuse pour ce qui touche à la narration. De plus, le film est servi par des acteurs au mieux de leur forme : Hoffmann, Hawke, Finney sont impressionnants par leur présence à l’écran et la crédibilité de leur jeu. Tous les cinéastes ne nous disent pas adieu avec autant de panache et de talent. Chapeau bas, M. Lumet !

Dimanche 27 mai

The Pledge (réal. Sean Penn, 2001)

Sean Penn est incontestablement un très grand comédien. Pour ce qui est de son statut de réalisateur, il est indéniable qu’il restera secondaire, mais pour autant, il nous a donné jusqu’à présent des films très réussis. The Pledge est avant tout un film d’ambiance, reposant sur son acteur principal (excellent Jack Nicholson), mais Sean Penn, comme à son habitude, a su s’entourer de collaborateurs qualifiés. La photo met très bien en valeur cette Amérique profonde où la forêt, les montagnes enneigées, les rivières, les diners, les gros trucks sont à mille lieux d’une Amérique technologique et impersonnelle et la bande originale s’en fait l’écho en une harmonique quasi parfaite. Sean Penn est fasciné par les espaces ouverts (son choix d’adapter Into The Wild en est un autre exemple) et les personnages complexes dont l’esprit est comme un paysage à découvrir et à analyser… Si l’on peut regretter que la « vérité » du récit appartienne au seul spectateur (Nicholson n’est pas vraiment fou), car cela vient brouiller quelque peu l’écriture de la progression psychologique du personnage, on ne peut s’empêcher d’accompagner ce flic à la retraite sur la pente douce des plaisirs simples de la vie. Malheureusement la violence sourde qui est tapi au creux de la nature en bordure de la vie des hommes ne manque jamais de rattraper la normalité d’un monde, où de plus en plus de nos aïeux finissent comme Jack, délaissé sur le bord d’une route, où plus personne ne s’arrête et où la folie et la mémoire sont les seuls compagnons qu’ils leur restent pour la fin du voyage.

Mardi 29 mai

The Deep Blue Sea (réal. Terence Davies, 2011)

J’avoue être toujours partagé devant les mélos. En effet, je ne peux m’empêcher la plupart du temps d’être happé par la force des sentiments déployés dans ces films (du moment qu’un minimum de talent en est à l’origine), tout en ayant du mal à ne pas ressentir une certaine distance envers ce genre, dont beaucoup de références appartiennent aujourd’hui à la Grande Histoire du Cinéma. J’avoue également que le mélo britannique ne m’est pas très familier, il est donc probable que je sois passé à côté de références spécifiques ou culturelles ; cependant pour ce qui est du film de Davies, plusieurs éléments en font sa force et sa qualité. Tout d’abord les comédiens sont exemplaires. Le film gagne énormément par leur jeu, tout en mélange de finesse et de force brute (selon les scènes), alors que la narration complique à dessein l’identification et la compréhension. C’est une des autres forces du film, sa structure. Construit sur des flash-backs (en particulier le début du film), le récit se déploie progressivement et ne dévoile que par à-coups les ressorts dramatiques qui poussent les personnages à agir (ou pas…). Enfin, la mise en scène est d’une très bonne facture classique (bien que la photo soit très inégale), même si par moments le réalisateur ose s’essayer à de très beaux effets de caméra : la scène de « lit » au début du film ou le « souvenir » du métro en sont des exemples frappants.

Jeudi 31 mai

Prometheus (réal. Ridley Scott, 2012)

Que dire de ce film que beaucoup auront attendus pendant très longtemps… Je dois avouer que depuis près d’une semaine que je l’ai vu, j’ai très souvent été amené à en discuter ou à y réfléchir et que je suis loin, alors que j’écris ces lignes, d’avoir complètement arrêté mon avis sur lui. Il me semble d’abord important de ne pas oublier que le projet initial du film ne devait rien avoir de commun avec la saga Alien, mais l’insistance de la production aura eu raison des hésitations de Scott. Cette double parenté, le film la porte en lui comme une tare qui n’a de cesse de venir compliquer son déploiement. Chaque scène est travaillée par deux logiques : celle propre au film Prometheus et à son sujet sur la création de l’Humanité (qui, soit dit en passant, fait un clin d’œil scientiste au garants du créationnisme version technologique) et celle propre à la saga Alien, avec tout son lot de référents « à venir » qu’elle est censée mettre en place. Ce double travail génère d’abord querelles ou remarques des fans (dont je fais partie), sur le nom de la planète (LV-223) qui n’est bien évidemment pas celle du premier Alien, sur les parentés de Peter/Charles Weyland, etc. La FOX a toujours su jouer de cet univers (déjà les deux Aliens vs. Predator étaient bourrés de clins d’œil aux fans), il n’est pas étonnant que là encore ce soit le cas. D’ailleurs cela se fait intelligemment et la grande qualité de la direction artistique dans les décors, les costumes, les effets visuels, ne nous mettent à aucun moment face au syndrome « Star Wars prequel » (où la technologie d’avant semblait bien plus opérante, fonctionnelle et moderne que ne le sera celle d’après…). Mais au-delà de tous ces détails (non négligeables mais secondaires quant au véritables enjeux du film et à son discours), cette double origine vient à mon sens grandement perturber le film. D’abord dans l’écriture des personnages, car ils sont pour la plupart monolithiques au possible (exception faite bien entendu de David – Fassbender étant décidément un acteur sur lequel compter) et beaucoup d’entre eux sont mêmes complètement inutiles au regard de l’importance que le film semble vouloir leur accorder (Charlize Theron et Idriss Elba en sont ici pour leurs frais). Ensuite beaucoup de scènes clés du film font les frais aussi de cette parenté bicéphale. Certaines font implicitement appel aux scènes clés identiques de la saga (je pense ici par exemple à celle du retour au vaisseau et de la question de la quarantaine) dans une logique de référence intelligente tandis que d’autres ne sont là que pour servir le rattachement du film à la saga, minant ainsi son discours central. Mes dernières remarques négatives seront pour la musique du film que je trouve particulièrement mal choisie et pour les comédiens. Si ce n’est Fassbender, aucun ne trouve grâce à mes yeux, la faute à une écriture des rôles que j’ai déjà qualifié de ratée, et la performance la pire de toutes me semble malheureusement bien être celle de Noomi Rapace, sous Sigourney Weaver dont l’ombre plane sur le film du début à la fin (bien malgré elle – mais là encore le rapprochement avec Alien est obligatoire de par l’univers du film et son ontologie). Après tout cela, on ne peut pas ne pas reconnaître la maestria de Scott à la mise en scène. Qu’il s’agisse de l’intégration des effets visuels numériques, des choix de mise en scène, du traitement 3D reflief postproduit, tout est de très grande qualité. Le film ne nous lâche pas de la première à la dernière minute, le rythme est soutenu et les ambitions « sci-fi » sont suffisantes pour faire rêver et/ou réfléchir à cette idée très répandue dans le genre de « grands Ingénieurs » qui auraient créé l’Humanité. On enchaîne quelques séquences mémorables : la découverte de la base des Ingénieurs, la « césarienne », la carte des étoiles, la naissance du « premier » Alien… Mais s’il ne fallait retenir qu’une seule chose du film de Scott, c’est bien entendu le personnage de David, parfaite synthèse (avant l’heure) d’Ash et Bishop, reflet inquiétant de l’humain et de l’inhumain, parfaitement incarné par un acteur de plus en plus surprenant. Au final, un très grand film de SF, qui souffre malheureusement d’ambitions contradictoires, et dont la pire des conséquences se concrétise dans une très mauvaise écriture des personnages…

Dimanche 3 juin

Cosmopolis (réal. David Cronenberg, 2012)

Très difficile d’écrire sur un film aussi dense et aussi particulier que peut l’être le dernier chef d’œuvre de Cronenberg. Cinéaste inattendu ces dernières années, lorsqu’il prenait avec succès le virage initié par A History of Violence, il revient avec force et conviction sur des terrains plus connus avec Cosmopolis. Flirtant avec la philosophie empirique qu’il a toujours interrogée, Cronenberg pose avec Cosmopolis sa vision du monde moderne et ses dérives face aux errances morales du capitalisme et de la finance. Mais au-delà de la critique simpliste d’un monde fasciné par les apparences et la vacuité, Cronenberg pose aussi la question plus large du rapport de l’homme à lui-même et à ses semblables : la question des rapports de force qu’ils soient professionnels, amicaux, sexuels, amoureux, ou familiaux… Finalement avec le choix de Robert Pattinson (Eric Packer) comme symbole du male dominant, Cronenberg ne fait qu’entériner un choix que la mode du marketing global aurait imposé d’elle-même. Seulement ce symbole est petit à petit dominé par les événements ou par ceux qui l’entourent, et malgré quelques sursauts de réaffirmation de sa suprématie supposée (le meurtre du garde du corps, son choix du coiffeur – qui n’est pas innocent puisqu’il le renvoie à une soumission ancienne, celle de son père, son choix d’en partir avant que la coupe ne se termine), il finira par être complètement submergé par un environnement qu’il ne peut contrôler. Cet environnement est à l’opposé de ce qu’était sa voiture ultramoderne et aseptisée, huis-clos mobile dans et hors le monde, bulle où entrent et sortent toutes sortes de gens et de choses mais uniquement selon le bon vouloir de celui qui le contrôle. L’environnement final où Eric vient se perdre et comprendre l’inanité de sa condition est un grand « foutoir » où se mêlent poussière, déchets, objets défectueux. C’est dans cette ruine où s’amoncellent les traces d’une grandeur passée et d’une organisation révolue des hommes qu’Eric essaie de repousser l’inévitable. L’homme qu’il y trouvera n’est que le miroir de ce qu’il aurait pu devenir : en un sens la fin non résolue du film à l’écran n’a pas besoin de s’inventer ou de se deviner car elle est dans la logique même des choses. Tout ce qu’Eric représente n’a qu’une fin possible, la destruction de la vie : telle est la finalité du capitalisme sauvage, y compris sa propre auto-destruction.

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2011 – Top Ten des films vus en salle

Posted by Axel de Velp sur 20 décembre 2011

Alors une fois n’est pas coutume, je vais me plier au jeu du Top Ten des films que j’ai vu en salle en 2011 (ne seront donc pas inclus les découvertes en DVD, BR ou à la télé).

Et je vais essayer de commenter mon choix par une ou deux phrases rapides, forcément réductrices, mais traduisant au maximum mon engouement pour le film.

1/ The Tree of Life (réal. : Terrence Malick)

Pour moi, l'une des plus belles affiches de cette année.

Un monument à la gloire de l’univers et un conte intimiste sur l’adolescence. Seul Malick pouvait réussir ce grand écart a priori impossible.

2/ Sucker Punch (réal. : Zack Snyder)

Zack Snyder nous propose sa vision déjantée, post-moderne et « gamer » du psychisme d’une jeune fille (laquelle ?) qui se rêve autrement qu’elle n’est… Visuellement splendide, bien plus sérieux et intriguant qu’on ne pourrait le supposer au départ.

3/ L’Exercice de l’état (réal. : Pierre Schoeller)

Sans concession sur une forme ou une autre de démagogie ou d’orientation politique, le film de Schoeller propose l’expérience politique comme voyage intime à travers les errances, les doutes et les questionnements qui font des hommes des êtres humains.

4/ Angèle et Tony (réal. : Alix Delaporte)

Quand le cinéma français sort de son nombrilisme parisien, il peut nous donner de très grands films intimes et populaires à la fois (au moins dans le discours et l’ambition – le résultat en salle c’est autre chose malheureusement…). Alix Delaporte donne ici à ses comédiens la chance d’un scénario et d’une mise en scène justes et mesurés.

5/ Drive (réal. : Nicolas Winding Refn)

Quand Refn donne à Gosling son meilleur rôle à ce jour (n’en déplaise aux détracteurs du comédien), il le fait avec l’un des plus beaux hommages aux films des années 80 de cette décennie (avec Miami Vice, bien sûr). Hommage transcendé par la Refn touch, toujours aussi surprenante quelque soit son sujet…

6/ Pater (réal. : Alain Cavalier)

Si le cinéma français est forcément trop parisien, cela ne me pose aucun problème lorsqu’il mélange l’acteur – propriétaire du VI° arrdt. – Vincent Lindon, et son rôle de premier ministre dans une séquence hallucinante de « cinéma-vérité ». Mais Cavalier ne fait pas que mélanger les réalités et rendre les frontières plus floues des limites du cinéma, il propose en plus un discours politique ! Chapeau bas, l’artiste !

7/ Winter’s Bone (réal. : Debra Granik)

Des hillbillys perdus dans leur misère et leur survie quoi qu’il en coûte (morale pour certains, pitoyable pour d’autres), Debra Granik se sert de son sujet (un thriller) pour dépeindre une Amérique que nous avons trop tendance à ignorer. Et puis la séquence de la voiture arrêtée par le shériff vaut à elle seule tous les discours sur une mise en scène magistrale !

8/ The Artist (réal. : Michel Hazanavicius)

Parce que Dujardin y fait la démonstration de son talent multiforme et déjà envisagé précédemment comme dérivant du burlesque. Parce que le cinéma est à l’honneur au cinéma. Parce que Bérénice Bejo est irrésistible. Parce que Hazanavicius fait redécouvrir le muet et le noir et blanc à tous ceux qui les auraient oubliés (à en croire le box office, ils furent nombreux).

9/ Detective Dee : le mystère de la flamme fantôme (réal. : Tsui Hark)

Tsui Hark nous revient plus en forme que jamais et propose au-delà de l’éblouissant spectacle pyrotechnique une parabole ingénieuse sur la Chine d’aujourd’hui et ses nombreuses complexités. Et puis difficile de ne pas être sous le charme (comme toujours) d’Andy Lau (ci-dessus) et Tony Leung Ka Fai.

10/ Hugo Cabret (réal. : Martin Scorsese)

En un plan, Scorsese résume tout son film et son amour du cinéma. Hugo Cabret au-delà du film pour enfants réussi qu’il est, nous rappelle une autre enfance, celle du 7ème Art et nous fait comprendre que ce qui définit si bien la nature de toute chose, c’est l’innocence imaginaire de son commencement !

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