"Not a Pax Americana" – réflexions cinéphiles…

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Archive for the ‘Anime’ Category

2012 – Top Ten des films vus en salle

Posted by Axel de Velp sur 8 janvier 2013

De nouveau en ce début d’année, je vais me plier au jeu du Top Ten des films que j’ai vu en salles en 2012 (ne seront donc pas inclus les découvertes en DVD, BR,VOD ou à la télé).

Comme l’année dernière, je vais essayer de commenter mon choix par une ou deux phrases rapides, forcément réductrices, mais traduisant au maximum mon engouement pour le film.

1/ Cosmopolis (réal. David Cronenberg)

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Parce que Cronenberg, bien qu’ayant été au top depuis plusieurs années, se surpasse ici, tout en renouant avec de vieux démons, et qu’il donne à Robert Pattinson son premier grand rôle de cinéma…

2/ Después de Lucía (réal. Michel Franco)

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Avec Después…, Franco donne une leçon de cinéma maîtrisé, où rigueur du cadre et des mouvements de caméra se conjuguent à merveille avec une écriture au cordeau et des comédiens habités, sur un sujet pas évident à traiter.

3/ La Chasse (réal. Thomas Vinterberg)

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Mads Mikkelsen nous prouve, avec l’aide de Thomas Vinterberg, quel acteur complet il peut être, dans une histoire sordide où l’innocence n’est pas toujours là où le sens commun bourgeois croit la percevoir…

4/ Les Bêtes du sud sauvage (réal. Benh Zeitlin)

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On ne peut s’empêcher de penser à Malick, même si le film de Benh Zeitlin, quoique très poétique, est bien plus politique qu’il n’y parait, et en ce sens arrive très largement à se démarquer de sa figure tutélaire !

5/ Piazza Fontana (réal. Marco Tullio Giordana)

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Le cinéma italien revient en force depuis quelques années (j’ai failli faire figurer dans ce Top Ten César doit mourir des frères Taviani) et Giordana nous redonne espoir avec ce film intelligent, riche et engagé, d’une qualité de reconstruction historique peu commune au cinéma transalpin.

6/ Moonrise Kingdom (réal. Wes Anderson)

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Wes Anderson reste un de mes cinéastes préférés et chacun de ses films sont des bijoux d’inventivité tant formelle que narrative. Avec Moonrise Kingdom, le cinéaste continue de travailler ses motifs habituels et de nous faire voyager dans des mondes chatoyants et magistralement orchestrés…

7/ La Vie sans principe (réal. Johnnie To)

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Impossible de passer à côté d’un Johnnie To sans en interroger la forme visuelle, mais quand en plus le réalisateur hongkongais double sa maestria habituelle d’une réflexion sur les conséquences à Hong Kong de la crise économique internationale, difficile de ne pas tomber sous le charme !

8/ Ernest et Célestine (réal. Benjamin Renner, Vincent Patar, Stéphane Aubier)

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Avec les « papas » de la série Pic Pic et André, Benjamin Renner propose, avec l’aide de Pennac au scénario, une somptueuse adaptation de l’oeuvre de Gabrielle Vincent. La qualité de l’animation n’a d’égale que la finesse du trait et la douceur des couleurs. On se croirait devant une aquarelle prenant vie à chaque instant.

9/ Dans la maison (réal. François Ozon)

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Même si j’avais apprécié Potiche, je dois avouer que le dernier film de François Ozon m’a surtout fait retrouver le cinéaste tant apprécié de Sous le sable : une écriture réussie, bien qu’adaptée, une mise en scène classique mais d’une très grande efficacité et par dessus tout une direction d’acteurs comme on en aimerait en voir plus souvent dans le cinéma français.

10/ Le Hobbit : un voyage inattendu (réal. Peter Jackson)

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Même si pour certains, cette dixième place sera incompréhensible, Peter Jackson m’a prouvé une fois de plus qu’il était à la fois un très grand cinéaste technicien (chapeau bas à la réalisation), mais aussi un excellent créateur, ou plutôt constructeur (puisque Tolkien est quand même à l’origine de tout cela) d’univers fantastique et imaginaire. J’attends avec impatience les suites à l’hiver 2013 et l’été 2014 et en 3D HFR, of course…!

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« Manie Manie » : de la folie des hommes et de leurs sociétés

Posted by Axel de Velp sur 28 novembre 2012

Produit par MARUYAMA Masao (fondateur du studio Madhouse), Manie Manie Meikyu Monogatari est un film à sketch en 3 segments, réalisés par trois grands cinéastes d’animation japonaise : OTOMO (Akira, Steamboy), KAWAJIRI (Ninja Scroll, Wicked City) et Rintarô (Metropolis, Albator).

Manie Manie (collectif, 1986)

1. Labyrinth Labyrinthos – réal. Rintarô
2. Hashiru Otoko (Le Coureur) – réal. KAWAJIRI Yoshiaki
3. Construction Cancellation Order – réal. OTOMO Katsuhiro

Le film commence, dans « Labyrinth Labyrinthos », par raconter l’histoire d’une fillette qui joue à cache-cache avec son chat et qui va pénétrer un univers fantastique, inspiré de la fête foraine et du cirque, lieu où elle finira par assister à un spectacle, composé des deux autres segments du film. A la fin du troisième segment, le spectateur retrouve la fillette dans l’enceinte du cirque et se lance dans une farandole folle, avec le mime qui l’avait guidé jusque là et une foule de monstres gluants et tentaculaires qui les suivent. Le dernier plan montre la fillette et son chat assis devant une télévision en train de se regarder paradant.

L’obsession et le dépassement

Le film nous parle d’obsession, de rêveries infinies et de buts jamais atteints ou alors à un prix incommensurable. Dans le premier segment, la fillette et son chat veulent jouer inlassablement (à cache-cache ou à autre chose), mais comme le suggère l’espace curieux de la maison où ils habitent, le jeu est un univers sans fin qui n’a de cesse de s’étendre. Aucun recoin de la maison ne lui échappe, ni l’intérieur d’une horloge, ni le dessous de table d’une cuisine, encore moins un bureau peuplé de jouets automates. Au final, la maison n’est pas assez grande pour le jeu, et la fillette et son chat vont alors entrer dans un univers fantasmatique, inspiré des fêtes foraines, des attractions comme la maison hantée ou le train fantôme et jusqu’au chapiteau d’un cirque. Obsédés par le jeu et suivant ainsi de manière inconsidérée un mime, la fillette et son chat vont croiser moult figures circassiennes toutes aussi délurées les unes que les autres.

Dans « Le Coureur », le personnage principal est obsédé par la victoire et se pousse au suicide, en dépassant les limites psychiques et physiques que le contrôle sur son bolide lui impose. Dans son désir de se dépasser lui-même et de tenir son rang face à ses adversaires, il est contraint à aller trop loin : à faire de son obsession sa raison de vivre et au final sa « raison de mourir ». Cette quête du dépassement de soi et de ce à quoi l’on se destine (ou l’on s’obsède, c’est au choix…), est au cœur de la motivation implacable qui guide les robots du troisième segment. Le projet 444 doit être terminé « à temps », même s’il faut pour cela sacrifier quelques robots. Pour le superviseur humain, venu remplacer son prédécesseur mystérieusement disparu, son but sera d’abord de faire fermer le projet, puis ensuite de simplement survivre face à la folie obsessionnelle de la machine centrale qui guide la construction du projet 444.

Traces de la folie

Qui dit obsession, dit folie. La folie ou plus exactement, des signes, des traces, des symptômes d’un état de folie parcourent tout le film et ses différents segments. La plus dangereuse est bien entendu celle du « Coureur » qui la laisse complètement l’envahir, à tel point que son objectif de victoire totale est intimement lié au mécanisme logique de justification de son état de folie avancée. Au moment de sa mort, il aperçoit les fantômes de ses anciens adversaires morts sur la piste. Dans une dernière tentative de les rejoindre, de les dépasser, son acte ultime sera de pousser son corps, sa machine et surtout son esprit au-delà des frontières possibles : il finira par y trouver la mort.

Sur le projet 444, c’est toute l’organisation robotique qui donne des signes de folie caractérisée : le travail jusqu’à la destruction, l’emprisonnement du responsable humain venu les superviser, la négligence de l’entretien du projet accolée à la détermination sans faille de le mener à son terme ; enfin, l’aveuglement face à l’impossibilité de lutter contre les éléments qui empêchent toute menée à bien du projet en lui-même. Cet état de folie est signifié à l’écran par le délabrement des installations, les ratés mécaniques du robot de gestion de la machine centrale, la détérioration progressive des repas servis au superviseur, l’emballement des machines à effectuer leur travail dans des conditions impossibles. Mais cette folie, non seulement semble fatale au système qui la subit, mais en plus elle est « contagieuse ». Le superviseur humain dans son souci de survie et de préservation, mais aussi certainement par esprit de vengeance, va s’attaquer au cerveau central de la machine, après avoir sauvagement détruit son robot de gestion. Alors même que le projet 444 ne doit plus être arrêté mais sauvegardé, il va quand même se lancer à l’assaut, muni uniquement d’un tuyau en fer…

Finalement, le segment où les traces de la folie sont le moins évidentes semble être le premier. Mais ce serait négliger toute part de désordre mental « contrôlé » que l’univers du cirque et des forains suggère naturellement. La succession des différentes figures circassiennes qui peuplent le segment sont autant de manifestations « autorisées » d’un état de folie que la société « spectatrice » accepte et reconnaît. La douce folie qui habite le monde forain est un prélude à celle plus crue et radicale que les segments suivants vont présenter. Cette entrée en matière progressive et la boucle narrative qui conclut le film permet de donner une unité à l’ensemble, alors même que la disparité est flagrante tout au long du film.

L’unité dans le désordre

Disparité de design, d’animation, de sujet de premier plan, le film ne présente pas une unité évidente de prime abord. Seuls les enjeux intellectuels et les questionnements « philosophiques » lui permettent de présenter un ensemble cohérent. Cependant, il ne faut pas croire pour autant que cette diversité soit celle d’un manque de coordination dans les choix des trois réalisateurs. Le premier segment, décisif dans son esthétique protéiforme et « irrationnelle » par moments, donne le ton de la diversité et du fouillis visuel, mais sert aussi d’étalon tout au long du reste du film.

D’autant plus que les deux segments suivants sont des « spectacles » auxquels assistent la fillette et son chat. Dès lors, la linéarité du second segment, son horizontalité même tranche avec la verticalité du troisième. Les lignes, pas forcément droites mais cassantes et abruptes du style de KAWAJIRI, mêlées à ses jeux d’ombre et de lumière très marqués sont autant d’ échos inversés qui annoncent l’esthétique plus courbe, plus fouillée et plus « à plat » de OTOMO.

Il y a là une logique de la thèse/antithèse qui est à l’œuvre, comme si la folie de l’homme individuel, comme manifestation d’une pensée unique, ne pouvait être que le pendant à venir d’une folie démultipliée des machines, manifestation programmatique de la pensée conformiste et collective. Rintarô offre ainsi à ses deux comparses la possibilité d’exprimer leur vision du sujet qui est la force narrative du sien : la folie encadrée et acceptée de la société n’est finalement que le reflet dans le monde du spectacle d’une folie rampante, plus dangereuse et qui guette autant les hommes que les sociétés qu’ils élaborent…

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Des morts et du maïs…

Posted by Axel de Velp sur 26 novembre 2012

Je change un peu de formule étant donné que j’ai beaucoup de mal à rattraper mon retard sur les films que je visionne depuis la rentrée. Dorénavant, je publierai les critiques de façon plus ramassée, deux ou trois films à la fois, rarement plus. Il est possible aussi que je « saute » certains films parmi ceux que j’aurai vu, pour me concentrer sur ceux sur lesquels je souhaite vraiment écrire (par forcément d’ailleurs les « meilleurs » ou les plus emblématiques, ça dépendra surtout de mon envie). Dans ce cas, je ferai figurer en fin de publication les films que je ne critiquerai pas, vus dans la même période que ceux de l’article. En espérant que cette nouvelle formule continue de vous plaire… Enjoy !

Le Magasin des suicides (réal. Patrice Leconte, 2012 – vu le mardi 16 octobre 2012)

Premier film d’animation du cinéaste, adapté du roman de Jean Teulé, Le Magasin des suicides nous amène dans cet univers pessimiste où le suicide est le seul moyen de « réussir » sa vie. La famille Tuvache tient un magasin dont le fonds de commerce est l’exploitation de cette activité particulière et tout va pour le mieux (ou plutôt le pire), jusqu’à l’arrivée du dernier rejeton de la famille, Alan, dont la gaieté et la joie de vivre viennent compromettre l’avenir maussade de la famille. Le ton cynique, l’humour noir du roman est très bien retranscrit à l’écran : dans l’écriture, y compris celle des chansons (puisque le cinéaste a fait le choix de faire un film chanté par moments), mais aussi dans l’esthétique du film. Réalisé en 2D (avec quelques décors en 3D), retravaillé ensuite avec succès en 3D Relief, le film est une petite merveille de graphisme, avec une attention dans les détails particulièrement jouissives. Le chara design est aussi réussi et chaque personnage traduit bien sa propre psychologie. On regrettera que le film s’essouffle un peu vers la fin, la faute peut-être à un récit original assez court et à un dénouement final est en parfaite opposition avec celui du film. Leconte a certainement ici fait un choix cher à son cœur, mais il le contraint à des acrobaties scénaristiques malheureusement dommageables pour la cohésion narrative et le rythme du film.

Les Moissons du futur (réal. Marie-Monique Robin, 2012 – vu le mardi 16 octobre 2012)

Quatre ans après Le Monde selon Monsanto, Marie-Monique Robin revient questionner les enjeux de l’agriculture de demain. Cette fois-ci, ce n’est plus l’angle de l’inquiétude d’un empoisonnement de l’agriculture intensive moderne qui est au centre de ses préoccupations, mais la recherche de solutions d’agroécologie de par le monde. Du Mexique au Japon, en passant par l’Allemagne ou l’Afrique, la journaliste-cinéaste questionne les pratiques et les hommes qui les mettent en œuvre, sans jamais oublier de donner la parole aux spécialistes (en particulier l’étonnant Olivier de Schutter, Rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation des Nations Unies). Le film nous convainc de la possibilité, sans perte de rendement, d’une agriculture qui se passerait des insecticides et pesticides (dont les coûts écologiques indirects ne sont jamais pris en compte par les multinationales qui les produisent). Plutôt réussi dans son propos, le film l’est également sur le plan de la mise en scène. Certains choix de montage et d’écriture documentaire peuvent sembler naïfs de prime abord, mais ils accompagnent parfaitement la sincérité des intervenants et la simplicité du message délivré (l’agroécologie est une science d’avenir héritée du passé traditionnel des cultures du monde).

Autres films vus à cette période :
Magical Mystery Tour (réal. Bernard Knowles & The Beatles, 1967)

Les Plages d’Agnès (réal. Agnès Varda, 2008)

 

Salut les cubains (réal. Agnès Varda, 1987)

The Mosquito Coast (réal. Peter Weir, 1986)

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« Robot Carnival » : pour (re)considérer les robots

Posted by Axel de Velp sur 29 octobre 2012

Film à sketchs de 1987 en 9 segments (8 en réalité puisque les segments d’ouverture et de fin sont liés), il réunit les «jeunes loups» de l’animation japonaise de l’époque. On y voit affleurer en devenir les préoccupations de certains cinéastes : la question du déterminisme chez MORIMOTO, la mélancolie chez UMETSU, les enjeux dangereux pour l’écologie dans la cité chez NAKAMURA pour ne citer que ceux là… En attendant, Robot Carnival nous parle de robots mais surtout de leur création par l’homme et des rapports (souvent destructeurs) entre eux.

Robot Carnival (collectif, 1987)

1. Opening – réal. OTOMO Katsuhiro, FUKUSHIMA Atsuko
2. Franken’s Gears – réal. MORIMOTO Kôji
3. Deprive – réal. OMORI Hidetoshi
4. Presence – réal. UMETSU Yasuomi
5. Star Light Angel – réal. KITAZUME Hiroyuki
6. Cloud – réal. MAO Lamdo
7. A Tale of Two Robots – réal. KITAKUBO Hiroyuki
8. Red Chicken Head Guy – réal. NAKAMURA Takashi
9. Ending & Epilogue – réal. OTOMO Katsuhiro, FUKUSHIMA Atsuko

Segment 1 – Opening

Désolation, destruction et misère

Dans 4 segments, le monde est représenté plus ou moins en état de désolation et l’humanité en état de misère avancée. Qu’il s’agisse d’une vision post-apocalyptique (segments 1, 3 et 9) ou suite à un dérèglement des machines (segment 8), la venue des robots dans l’histoire humaine est source de destruction. Cette idée est même reprise dans d’autres segments (les 2, 6 et 7), au travers de la mort d’êtres humains. L’idée que les robots représentent une menace pour l’humanité n’est pas en soi très originale, mais le film développe plusieurs concepts et explications autour de ces menaces. Dans les segments d’ouverture et de fin, le monde semble avoir été détruit par la machine «Robot Carnival» qui détruit tout sur son passage, au prétexte d’apporter du grand spectacle aux populations du monde. Ainsi alors que les feux d’artifice explosent et que la musique retentit, la machine écrase les villages humains, fait exploser les maisons et voler en morceaux les corps déchiquetés des hommes et des animaux qui les peuplent.

Segment 1 – Opening

Tout cela dans l’indifférence générale des robots de la machine programmés pour divertir l’humanité jusqu’à la fin de l’éternité… OTOMO semble nous dire que la quête du plaisir et du loisir à outrance via la robotisation n’est qu’une longue descente aux enfers. D’ailleurs, après la destruction de la machine par les éléments naturels, un survivant humain trouve une relique robotique, la ramène chez lui et alors qu’il l’active et qu’elle amuse sa petite famille, elle finira par exploser pour révéler une machinerie complexe indiquant le mot «END».Les robots en fin de compte sont la fin de tout : d’eux-mêmes et des hommes…

Segment 9 – Epilogue

Création, mimétisme et relation

Bien sûr, le plus important avec les robots c’est la question de la création. Qu’elle soit spontanée (comme dans les segments 6 et 8) ou bien évidemment le fruit de la recherche des hommes à améliorer leur confort de vie (segments 1, 4, 5, 7 et 9), cette question est problématique, source de questionnement d’identité de chaque partie (segments 4 et 5), d’incompréhension entre créateur et créature. A ce sujet, le segment signé MORIMOTO revient de manière explicite sur le mythe de Frankenstein et de sa créature. La structure du mythe est reproduite quasiment à l’identique, dans cette scène de naissance du monstre : les arcs électriques figurent les éclairs chez Mary Shelley, les différents tubes et tuyaux reliant le «monstre» rappelle les origines organiques de la figure mythologique. Mais si Shelley prend un livre entier pour arriver à la conclusion évidente de la destruction forcée du créateur par la créature, MORIMOTO lui la précipite. C’est que la création de la vie entre le XIXème siècle et l’aube du XXIème s’est accélérée, si l’on peut dire. La puissance électrique d’une construction électronique suppose une accélération de ce qui constitue la matière de la «vie» : des processeurs, des lampes, des caméras, des câbles, etc. Bien que la créature de MORIMOTO «vive» sa naissance de manière similaire à celle de Shelley, elle n’en est pas moins une machine dont la vitesse d’exécution est supérieure à celle d’un être organique, a fortiori doué de conscience…

Segment 2 – Franken’s Gears

Finalement, cette question de la conscience est au centre du sketch de UMETSU. D’abord celle de la création robotique de l’homme, sorte de poupée cyborg, qui n’a d’autre choix que de tomber «amoureuse» de celui qui a lui donné la vie. Mais aussi la conscience de ce créateur qui n’arrivera pas à oublier son meurtre, son «infanticide»… Le film passe ainsi en revue tout le spectre des relations possibles entre machines intelligentes et créateurs ou humains : l’amour, la parentalité, l’animosité, l’indifférence ou l’obéissance aveugle… Mais les questions relationnelles entre les machines douées de conscience et l’homme qui les a créé ne sont pas tout. La machine robotique est parfois dénuée de toute conscience : elle n’est alors qu’un outil pour assouvir les désirs des hommes, leur soif de conquête et de puissance (comme dans le segment 7). Enfin, le cinéaste Mao Lamdo perçoit la Création à travers le périple et le calvaire d’une sorte d’enfant-robot (dont l’esthétisme n’est pas sans rappeler Tetsuwan Atom – Astro Boy – de TEZUKA), qui vit l’histoire de l’humanité en toile de fond d’une longue marche contre la nature et les éléments. Il s’accomplira finalement à l’image d’un jeune enfant. Pour Lamdo, il semblerait que la question de la création de l’intelligence robotique ne vise qu’à recréer l’homme et ses aspirations les plus nobles (cf. l’image de l’enfant) dans une mise à l’épreuve quasi-biblique, en symbiose avec la nature et ses constants changements d’où le titre du sktech, «Cloud».

Segment 6 – Cloud

De la référence comme outil esthétique

Bien entendu, le film est truffé de références directes ou indirectes aux canons du manga et de l’animation japonaise d’avant son époque. On a déjà évoqué le lien esthétique du segment «Cloud» avec TEZUKA. Mais on peut en rajouter d’autres. Les robots du sketch de KITAKUBO sont un hommage explicite et comique aux mechas qui peuplent la culture populaire visuelle nippone.«Star Light Angel», via son chara design, nous rappelle entre autre l’esthétisme d’Akira d’OTOMO (le manga bien sûr), ou encore la série Gundam. Le sketch de NAKAMURA fait référence de manière plus ou moins explicite à la production nippone férue de machines qui se propagent tel un virus sur les villes humaines (et qui n’est pas sans rappeler le shokushu – viol par des monstres avec des tentacules – et dont Chôjin densetsu Urotsukidôji est le plus grand représentant). La manière dont la construction robotique se répand dans le sketch sans souci ni raison apparente préfigure le travail de KITAKUBO et OTOMO sur Roujin Z (qui sortira en 1991) . Dans le chara design de «Presence», on retrouve l’influence, souvent avouée par UMETSU, du film Les Maîtres du temps de René Laloux (et Moebius).

Segment 7 – A Tale of Two Robots

Cette multiplicité d’inspiration tend à donner une diversité visuelle à Robot Carnival, et seuls son sujet global et son traitement sonore, arrivent à donner une cohésion au film. Presque tous les films sont muets ou très peu diserts, lorsque des dialogues s’invitent dans les segments (parfois il ne s’agit que de dialogues incompréhensibles, comme dans les segments 1,8 et 9). La musique est typique des productions des années 80 et certains segments ne renieraient pas sur ce point une parenté explicite avec les premières bandes originales de jeux vidéo, de la NES ou de la Super NES, lien logique étant donné que le film parlent de mondes futuristes et post-modernes…

Segment 8 – Red Chicken Head Guy

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Trois semaines de films – du 30 juillet au 20 août 2012

Posted by Axel de Velp sur 3 octobre 2012

Les vacances et un déménagement auront eu raison de la régularité des publications du blog tout au long de l’été et de la rentrée… Mais elles reviennent avec ce premier récapitulatif et un nombre non négligeable de films variés et tout aussi plaisants les uns que les autres. Bonne lecture et à très bientôt pour des mises à jour plus fréquentes !

Jeudi 2 août

Gangsters (réal. Olivier Marchal, 2002)

Premier film de cet ancien flic, dont j’avais récemment visionné le dernier film Les Lyonnais, Gangsters reste sans conteste son meilleur film jusqu’à aujourd’hui. Intrigue très bien ficelée, écriture très aboutie, tant dans sa dimension naturaliste que dans ses effets de dialogues, qui rappellent certains grands moments du dialogue à la « française » (Audiard, Blier, Sautet…), Gangsters marque également par son casting très efficace et très crédible. Le tout est servi par une mise en scène classique mais dont la qualité n’a rien à envier à des réalisateurs plus chevronnés que ce débutant d’alors. Jusqu’à la bande originale du film qui colle parfaitement à l’ambiance, le film est une petite perle du polar français.

Vendredi 3 août

La Part des anges (réal. Ken Loach, 2012)

Il ne faut pas se fier à l’affiche française du film qui dessert grandement le propos annoncé. Le dernier film de Ken Loach est une comédie aux accents sociaux réalistes (comme souvent chez lui) réussie et enjouée. Les acteurs donnent le ton, particulièrement ceux qui ont des « gueules », et l’on ne peut pas s’empêcher de se prendre de sympathie pour ces égarés de la société, à qui l’on donne comme une dernière chance. Certains sauront la saisir au vol, d’autres non. Qu’importe, Loach nous donne à voir une tranche de vie qui donne envie de croire encore en elle et en l’espoir que chacun porte.

Samedi 4 août

The Player (réal. Robert Altman, 1992)

Toujours aussi retors et critique vis-à-vis d’Hollywood, même 20 ans après sa sortie, le film d’Altman est un condensé de ses thèmes et figures de style. On y retrouve le jeu à la fois posé et fébrile des acteurs, le tout mélangé dans une même scène, les dialogues qui vont plus vite que l’intrigue, le jeu sur les faux-semblants, la critique de la bourgeoisie américaine, etc. Construction en abyme d’un scénario qui fait la boucle sur lui-même, dans ses enjeux moraux et stylistiques, The Player est l’archétype du film d’Altman intelligent et subversif, mais jamais donneur de leçon, bien au contraire. Difficile pour le spectateur de ne pas succomber au charme « maléfique » du personnage de Tim Robbins, ou bien de ne pas avoir à l’inverse d’empathie pour celui de sa petite amie qu’il abandonnera, après l’avoir scrupuleusement humiliée. Altman ne dit rien d’autre dans ce film finalement que quelque soit le milieu dans lequel les hommes évoluent, qu’il soit celui du rêve ou du mal, ils sont tous les mêmes : capable du pire comme du bien, mais toujours dans leur intérêt et par pure égotisme.

Lundi 6 août

Les Tontons flingueurs (réal. Georges Lautner, 1963)

Que dire sur ce chef d’œuvre du cinéma comique français qui n’ait pas déjà été dit maintes et maintes fois ? Que le duo Lautner Audiard y est certainement à son firmament ? Que le casting Blier, Ventura et consorts y démontrent toute la force comique de leur jeu ? Les Tontons flingueurs, appartient à cette catégorie de films dont la légende semble dépasser leur vérité (parce qu’un nombre conséquent de scènes et de lignes de dialogue sont gravées dans la mémoire collective populaire), mais qui en réalité se dévoilent à nouveau à nous avec toute leur force et leur splendeur, lorsqu’on reprend le temps de les regarder en entier.

Mardi 7 août

Monsieur Hire (réal. Patrice Leconte, 1989)

Ce film de Leconte aura eu le mérite de faire comprendre toute la gravité possible d’un acteur comme Michel Blanc. Comme d’habitude chez le cinéaste, la concision de l’écriture et le dépouillement de sa mise en scène, marié à une photo toujours très travaillée, ont le don de marier les antagonismes au service de l’intrigue et de l’ambiance. On y retrouve son sens de l’érotisme si particulier et la gravité de situations où l’effet comique n’est jamais bien loin, mais pas vraiment à portée de main ou de rire, devrais-je dire… Monsieur Hire, c’est un voyage dans l’esprit et la vision du monde d’un homme reclus qui croit en l’amour qu’il n’a jamais vraiment connu : une ode aux amoureux transis mais éconduits qui feraient tout pour celle qu’ils aiment !

Dimanche 12 août

Les 12 travaux d’Astérix (réal. René Goscinny, Henri Gruel, Albert Uderzo & Pierre Watrin, 1976)

C’est peut-être parce que le dessin animé n’est pas vraiment adapté d’une des bandes dessinées originales, qu’il est à mon sens l’un des plus réussis de la série des Astérix et Obélix. Successions de scènes hilarantes (l’île aux plaisirs, le « psy » égyptien, le restaurateur belge, et bien entendu la maison des fous), le film nous emmène dans un délire où anachronismes et bons jeux de mots se côtoient avec réussite tout en misant sur le burlesque et le loufoque. Servie par une animation correcte, mais sans grande qualité, le film divertit à l’envie petits et grands.

Mercredi 15 août

Le Voyage de Chihiro (réal. MIYAZAKI Hayao, 2001)

Certainement l’un des meilleurs films de Miyazaki et surtout l’un des derniers qui soient vraiment réussis (mise à part peut-être Ponyo sur la falaise), Chihiro est indéniablement un aboutissement dans les thématiques chères au cinéaste japonais. Mêlant traditions nippones, croyances ancestrales, modernisme des relations humaines à un souci de discours environnemental, comme dans presque tous ses films, Chihiro emmène le spectateur dans l’accomplissement de la maturation d’une petite fille à celui d’une jeune adulte. Proposant rien moins qu’un film didactique et d’apprentissage s’il en est, Miyazaki sait aussi nous faire rêver et émerveiller, tant par l’étendue et la richesse intelligible de l’univers qu’il propose que par son foisonnement créatif. On regrettera justement dans ces films ultérieurs un certain appauvrissement tant au niveau narratif qu’au niveau purement visuel (surtout dans Le Château ambulant). Le film est également supporté par une animation 2D sans faille, d’une très grande qualité et d’un rythme parfois époustouflant, à mille lieux de tout ce qui se faisait dans le reste du monde à la même époque (à l’exception de quelques autres films nippons d’animation, bien entendu).

Dimanche 19 août

What’s Eating Gilbert Grape? (réal. Lasse Hallström, 1993)

Deuxième film américain du cinéaste suédois, Gilbert Grape est une histoire attachante, sur un scénario humain comme souvent les cinéastes émigrés à Hollywood savent en produire. Film à comédien avant tout, il est l’occasion pour deux géants du ciné US contemporain de se rencontrer. D’abord Johnny Depp, dont la carrière avait déjà décollé mais où dans ce film il confirme toute la force et l’étendue de son jeu, éloigné de son « mentor » récent, Tim Burton. Ensuite, et surtout Leonardo DiCaprio qui signe ici son premier vrai grand rôle, en même temps que Blessures secrètes (de Michael Caton-Jones), après de multiples apparitions dans des séries télévisées et des films de série B (dont Critters 3 !!!). Il faut saluer la capacité d’Hallström à donner à chaque comédien sa place justifiée dans le film sans que jamais l’un n’empiète sur l’autre, à tel point que l’écriture et la direction d’acteurs sont en parfaite symbiose et que la relation qui lie Gilbert à son frère handicapé est parfaitement retranscrite à l’écran. Le reste du casting est de très bon niveau également et l’on ne peut s’empêcher de sourire aux apparitions et performances diverses de Mary Steenburgen Kevin Tighe, John C. Reilly ou encore Crispin Glover (que j’avais aperçu récemment dans The Player).

Red Dragon (réal. Brett Ratner, 2002)

Deuxième film adapté du premier roman de la trilogie de Thomas Harris, Red Dragon est bien loin de la première adaptation signée Michael Mann, Manhunter (bêtement traduit en français par Le Sixième Sens). A l’évidence, Brett Ratner n’a pas le talent de Mann et la direction d’acteurs est particulièrement ampoulée (alors que le film est quand même servi par des comédiens de renom, dont Edward Norton et Anthony Hopkins pour ne citer que ceux là), à l’exception de Ralph Fiennes qui surpasserait presque la prestation de Tom Noonan, excellent tueur en série du premier film. Qui plus-est, tout cela est accompagné d’une mise en scène fade et sans point de vue qui empêche toute envie de se laisser happer par le film. Quelques rares scènes viennent égayer la vision d’ensemble, mais on a quand même bien l’impression d’un remake à gros sous raté, qui ne cherche qu’à capitaliser sur le grand succès critique et public que fut en son temps, Le Silence des agneaux.

Lundi 20 août

Europa (réal. Lars von Trier, 1991)

Je n’ai jamais été un grand fan du cinéaste danois. Exit pour moi Les Idiots, Dancer in the Dark ou Dogville, mais toute la première partie de la carrière du réalisateur a toujours su me parler. Qu’il s’agisse de Breaking the Waves, Element of Crime ou Europa, je me sens beaucoup plus en phase avec son cinéma de cette époque qu’avec celui plus récent qui a fait de lui la coqueluche des festivals et des revues de cinéma. Europa c’est avant tout une expérience sensorielle, l’image et le son ayant une qualité quasi hypnotique dans le film. Les passages en couleur au milieu du noir et blanc, les chevauchements sonores, les dialogues multilingues, tout concourt à perdre le spectateur dans une démesure, dont le propos du film se fait l’écho. Réflexion sur l’Europe après la Seconde Guerre Mondiale, le film de Lars von Trier brasse les culpabilités allemandes (mais pas que…) autant que les sentiments de revanche, au milieu de la désolation et de la ruine. L’image du train comme liant d’un monde décomposé ou plutôt en recomposition renvoie à une imagerie très romantique, alors même que le film ne peut s’empêcher de renvoyer à une esthétique assez froide et déshumanisée… Europa marque surtout par l’ampleur de son discours et de son sujet et l’ambition (parfois un peu too much) de poser un regard « artistique » sur l’une des périodes les plus sombres de notre récente Histoire.

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